Publié le 31/08/2014
Par CARMEN LABILLE
L’histoire d’un Mérycien fusillé en 1944
Méry-sur-Seine - Il y a 70 ans, le 25 août 1944, Paris était libéré et la 2e DB fonçait sur Troyes. À Méry-sur-Seine, trois jeunes combattants allaient être fusillés. Dont Gabriel Gasner...
Gabriel Gasner, cultivateur, Edmond Colson, bonnetier – tous deux originaires de Méry-sur-Seine - et Fernand Henri, réfractaire au STO muni de faux papiers qui s’était réfugié à Méry à la ferme Marcel-Vallée, sont ce qu’on appelle des martyrs de la Libération. En août 1944, ils ont été torturés et fusillés. Voici l’histoire d’un de ces jeunes combattants courageux tombés pour la France…
Dès le retour de l’exode en juin 1940, Gabriel Gasner, originaire de Méry-sur-Seine, était assujetti au STO et devait se présenter au bureau d’embauche allemand à Troyes, ce qu’il fit. Mais au lieu de prendre le train pour l’Allemagne, il se rendit chez un cultivateur de Saint-Léger muni d’une fausse carte d’identité au nom de Robert Brassier. Il revient ensuite à Méry et travaille sans se cacher à la ferme paternelle. Il prend part à plusieurs actions dans la Résistance.
Le 2 août 1944, les Allemands attaquaient avec force le maquis de Mussy Crancey. Un agent de liaison envoyé par l’état-major recherchait une radio pour demander l’appui de l’aviation alliée. Gabriel s’est empressé de prendre contact et s’est rendu à Méry à vélo, où un poste de radio était caché. De la cuisine de la ferme Gasner et se servant de l’antenne extérieure du poste de TSF familial, l’agent de liaison essaya de rentrer en contact avec son correspondant de Londres, mais sans résultat.
Son père le retrouve…
À l’approche des Américains, plusieurs jeunes des communes environnantes se sont rassemblés à Saint-Mesmin afin de rejoindre le lieutenant Randa, qui s’était replié à Droupt-Saint-Basle. Il regroupait des éléments pour reconstituer une compagnie des Commandos M. Sachant que Gabriel brûlait d’impatience de prendre les armes et d’aller combattre, il lui donna, le 24 août 1944, des instructions pour le rejoindre au plus vite à Droupt-Saint-Basle. En chemin, il retrouve Edmond Colson et Fernand Henry qui décident de partir avec lui. Ils passent devant le château Benex occupé par les Allemands pour continuer le long du canal par le grand mail puis sur le chemin de contre halage entre Méry et Droupt-Sainte-Marie.
C’est là qu’ils furent interceptés et faits prisonniers. Après le départ des Allemands, Marcel, son frère, et plusieurs personnes du village ont fouillé de fond en comble le domaine Benex, pensant qu’ils y étaient enfermés. Aucune trace, aucun indice. Le père de Gabriel poursuivit ses recherches. Dix-huit jours après, il aperçut, près d’un petit pont, un tas de terre d’où sortait une main. Les trois jeunes gens étaient là, enterrés précipitamment après avoir été massacrés.
Morts pour la France, leurs obsèques furent célébrées dans la propriété Benex en présence de plus de 2 000 personnes. La municipalité et la population ont fait ériger en 1948, face au château Benex, en bordure de la route devenue rue des Martyrs-de-la-Libérté, une stèle surmontée d’une croix de Lorraine avec trois épis brisés symbolisant les trois martyrs morts pour la France.
Source : brochure écrite par Marcel Gasner en mémoire de son frère et de ses deux camarades. 1944 – 1994 (50e anniversaire de la Libération, région Romilly- Nogent), brochure réalisée par le groupe de travail mémoire pour constitution des archives de la Résistance locale, texte de Francois Impérial et de Ginette Collot.
Publié le 31/08/2014
Par CARMEN LABILLE